dimanche 30 novembre 2014

Le jeu en Inde 2/2

A cette époque, l'Inde se trouve éclatée en de nombreuses principautés rivales qui luttent entre elles pour unifier le royaume. Transposition de ces guerres intestines, le jeu primitif se présente vraisemblablement comme une guerre de conquête. Il oppose quatre adversaires disposant chacun d'une armée de huit pièces : un roi, à la tête des quatre corps de l'armée indienne traditionnelle – l'éléphant, le cavalier et le char à l'arrière-garde ; quatre fantassins en première ligne.
Le jeu se pratique alors avec deux dés et laisse au hasard le choix des pièces à déplacer. Celles-ci se prennent les unes les autres. Le char traverse en ligne dans toutes les directions. L'éléphant avance de deux cases en diagonale. Le cavalier saute à droite et à gauche. Le pion se déplace case à case, promu en pièce majeure s'il atteint la dernière rangée opposée. Des alliances tactiques peuvent être nouées entre adversaires. Mais lorsqu'un joueur prend un roi rival, il annexe alors les pièces restantes aux siennes. La partie s'achève après que sont capturées les dernières pièces. Un décompte de points correspond au nombre et à la valeur des prises. S'il y a enjeu d'argent, les sommes sont réparties au prorata. Considéré comme le premier des jeux de guerre, le chaturanga fait l'objet des enjeux les plus divers. Il se répand aussi bien dans les antiques "maisons de jeu" de l'Inde ancienne que dans ses plus riches palais.
Selon l'hypothèse la plus répandue, la mutation du jeu aurait commencé en Inde même, lorsqu'il transite des principautés du Nord à celles de l'Ouest, fortement imprégnées par la culture et la raison grecques. Les dés sont supprimés, la réflexion remplace le hasard. Les enjeux d'argent ne laissent désormais plus la moindre chance aux piètres stratèges. Les armées de l'Est et de l'Ouest sont supprimées, les joueurs réunis par deux. Le combat réduit à un duel stratégique, un "ministre" remplaçant les rois déchus
C'est ainsi que le jeu est transmis en Perse vers le milieu du VIe siècle.
source: le site de la BNF