1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cd2
Cette variante porte le nom de Siegbert Tarrasch. Elle évite les complications de la variante Winawer et fut une des armes préférées du 12e champion du monde Anatoli Karpov (voir partie ci-dessous). Sur cette variante, les Noirs ont quatre possibilités :
- 3...c5
- 3...Cf6
- 3...dxe4
- 3...Fe7
Le coup 3...dxe4 introduit la variante Rubinstein (elle intervient aussi après 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cc3 dxe4) qui a la réputation d'être solide mais passive, et qui est parfois utilisée en vue d'obtenir la partie nulle.
Sur 3...c5, le coup naturel 4.c3, qui défend le centre, est fautif : il pourrait suivre 4...cxd4 5.cxd4 Cc6 et les Noirs ont de la pression sur le pion d4 et la possibilité d'isoler à un moment opportun le pion d par un échange en e4. En revanche, les Blancs peuvent soit défendre leur centre par Cgf3, soit chercher à isoler potentiellement le pion d des Noirs par exd5. Une variante typique est 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cd2 c5 4.exd5 exd5 5.Cgf3 Cc6 6.Fb5 Fd6 7.dxc5 Fxc5 8.o-o Cge7 9.Cb3 Fd6
Les Noirs ont un pion dame isolé qui peut être source de problème en finale. Comme souvent dans ce genre de situation, ils ont en contrepartie un jeu de pièces plus libre. Cette position fut ardemment disputée lors du match de finale des candidats Karpov-Kortchnoï de 1974, mais Karpov ne parvint pas à briser la résistance noire. Néanmoins, il n'est pas du goût de tous les joueurs d'assumer une faiblesse structurelle aussi importante qu'un pion dame isolé dès le septième coup. C'est pourquoi les Noirs choisissent souvent, soit d'éviter 3...c5, soit de reprendre en d5 avec la dame. Après 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cd2 c5 4.exd5 Dxd5 5.Cgf3 cxd4 6.Fc4 Dd6 les Noirs ont évité toute faiblesse, mais l'exposition prématurée de la dame noire permet aux Blancs de développer plus vite leur jeu. Les Noirs vont entreprendre d'achever leur développement tandis que les Blancs vont tenter de profiter de leur avantage dynamique pour générer des menaces.
Sur 3...Cf6, les Blancs doivent chasser le cavalier noir pour prendre de l'espace ; ils jouent donc e5. Les Noirs rentrent donc leur cavalier en d7. Et les Blancs poursuivent par Fd3 qui permet de placer le fou sur une bonne diagonale (orienté dans le même sens que la chaîne de pions). Les Noirs vont faire monter la pression sur le pion d4 en jouant c5, Cc6 et Db6 ; les Blancs vont contrer ce plan par c3, Ce2 et Cf3.
Une quatrième réponse à la variante Tarrasch, 3...Fe7, connaît, depuis la fin des années 1990, une grande popularité. Ce coup paradoxal ne contribue pas immédiatement à l'attaque du centre blanc ; il permet aux Noirs de choisir leur plan de développement après seulement que les Blancs ont un peu plus révélé leurs intentions. Par exemple, dans la variante commençant par 3...Cf6, les Blancs aiment souvent pousser tôt ou tard le pion en f4. Mais après 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cd2 Fe7 4.Cf3 Cf6 ce n'est plus possible.